Affichage des articles dont le libellé est James Kochalka. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est James Kochalka. Afficher tous les articles

mercredi, novembre 05, 2008

XeroXed Special: Obama 2008

©2008 James Kochalka - Americanelf.com

Chères lectrices, chers lecteurs,

Quelques heures après l'annonce de la victoire de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, je n'ai pu m'empêcher d'envoyer un courrier électronique aux différents auteurs américains et canadiens que j'ai interviewé dans le cadre des carnets XeroXed. Je leur ai demandé de partager avec nous leur sentiment sur ce vote historique ("historique" pour de multiples raisons dont certaines devront encore être soumises à l'épreuve du temps) car je suis convaincu que la situation politique et sociale d'un pays porte une influence sur ses artistes et leurs oeuvres (par la contestation, l'évolution des mentalités, l'éclosion des avant-gardes...).

Debbie Drechsler (Daddy's Girl & Summer of Love à l'Association) et Miriam Katin (Seules contre Tous au Seuil) ont répondu dans l'instant.

Debbie Drechsler: Je suis à la fois ravie et soulagée de la victoire d'Obama. Soulagée car je ne voulais VRAIMENT pas de McCain ou de Palin au pouvoir. Ravie car Obama semble être un politicien intelligent, sensible, raisonné et qu'il représente donc un changement positif pour notre pays. Ensuite, je ne peux qu'admirer la désagrégation d'une importante barrière raciale. Une proposition californienne vient cependant ternir cette journée. La proposition 8 est une mesure qui veut faire entrer dans la constitution de l'état le principe que le mariage n'est permis qu'entre un homme et une femme. A l'instant où j'écris (tôt au lendemain de l'élection), cette mesure est à deux doigts de l'emporter.

Miriam Katin: Je suis pressée par le temps car je dois terminer une commande de planches sur ces élections. J'y évoque mon sentimet face à l'évolution de la campagne jusqu'à l'annonce du vainqueur. J'avais laissé les trois dernières cases vides pour y dessiner le résultat final. Je ne voulais imaginer un autre dénouement que la victoire d'Obama. Cela m'attristait d'envisager l'alternative. J'étais plongée dans l'effroi à cette idée. Maintenant, je vais enfin pouvoir m'assoeir paisiblement à ma table et terminer cette planche.

Scott McCloud (L'Art Invisible chez Delcourt) et Jeffrey Brown (Clumsy et Unlikely chez Ego comme X) répondent à leur tour quelques heures plus tard.

Scott McCloud: La vraie barrière qui a été brisée aujourd'hui?: Nous avons enfin élu le candidat intelligent.

Jeffrey Brown: Voici quelques-unes de mes pensées. Je me sens heureux et, pour la première fois depuis bien longtemps, je me sens empli d'espoir. Je pense que notre pays est parvenu à interrompre l'enracinement progressif de notre gouvernement dans une culture de la peur, de la guerre, du pharisaïsme, dans une culture vindicative qui ne prête que peu de considération aux conséquences de ses actes. Cela me donne aussi l'espoir que les Etats-Unis puissent enfin comprendre l'importance d'une pensée basée sur la Raison après avoir entendu Palin soutenir l'enseignement du Créationnisme à l'école, McCain comparer, par simple ignorance ou par sabotage délibéré, un appareillage astronomique important à un "projecteur aérien", Palin discréditer la recherche scientifique et le Parti Républicain faire part de sa politique dépassée et biaisée concernant le problème de l'environnement... Je pourrais continuer ainsi encore et encore mais je vais m'arrêter. Car même si je ne crois pas en Dieu, je vais le dire quand même: dieu merci!

Viennent ensuite les réactions de Dash Shaw, le jeune auteur de Bottomless Belly Button qui paraît aux éditions ça et là ce 22 novembres, Kevin Huizenga (Malédictions chez Vertige Graphic) et John Porcellino (Moon Lake Trails chez Ego comme X).

Dash Shaw: J'ai peu de choses à dire si ce n'est que je suis très heureux, optimiste et fier de la Virginie. J'ai vécu à Richmond (en Virginie, le "Capitole du Sud") la plus grande partie de ma vie et j'ai voté ici. Je ne parviens pas à croire que c'est aujourd'hui un état bleu (ndlr: démocrate)! Je trouve cela tout simplement incroyable!

Kevin Huizenga: Je suis à la fois soulagé et transporté.

John Porcellino: J'expérimente un mélange de soulagement et d'abattement. Je suis en effet animé par l'espoir que cette dernière partie de l'Histoire américaine, la plus sombre de ma vie, arrive à sa fin. Mais je réalise, dans le même temps, qu'il y a énormément à faire pour réparer les dégâts et aller de l'avant. Au moins, maintenant, nous pourrons enfin nous diriger dans la bonne direction.

Les prochaines réactions des divers auteurs sollicités seront rajoutées dans ce post.

©2008 James Kochalka - Americanelf.com


vendredi, octobre 10, 2008

XeroXed (V): JAMES KOCHALKA


XeroXed (V): JAMES KOCHALKA

1. Biographie

James Kochalka est né en 1967 à Springfield dans le Vermont (Etats-Unis). Il réside aujourd’hui à Burlington (toujours dans le Vermont) avec sa femme Amy, ses deux fils Eli et Oliver ainsi que son chat Spandy.

Son style épuré, reconnaissable entre mille, mélange allègrement « autobiographie » et fiction. Sa carrière démarre avec l’autoédition de son fanzine James Kochalka Superstar (8 numéros qui ont été rassemblés par Top Shelf dans le livre Magic Boy and Girlfriend).
Extrêmement productif, il enchaîne livre sur livre pour les principaux éditeurs de bandes dessinées indépendantes aux Etats-Unis (Alternative Comics, Top Shelf, Highwater Books, Slave Labor Graphic, Black Eyes Books). Il fait désormais partie des piliers de la « small press » américaine et ses derniers livres ont gagné (ou ont été sélectionnés) pour différents prix américains dont les Ignatz Awards, les Eisner Awards et les Harvey Awards.
Il a entrepris en 1998 de dessiner un strip « autobiographique » par jour. Depuis dix ans maintenant James Kochalka poursuit cette expérience unique. Elle a abouti au recueil American Elf qui tient désormais davantage de la performance artistique que du journal en bande dessinée.

Son site internet : americanelf.com
Le site internet d'Ego comme X : ego-comme-x.com

2. Bibliographie en français (non exhaustive)

M in : Comix 2000, L’Association, 1999
Ma Lampe à Dessin in : Bile Noire #9, Atrabile, 2000
Le Dîner de Magic Boy in : Bile Noire #10, Atrabile, 2000
Kissers, Ego comme X, 2002
Sunburn in : Ego Comme X #8, Ego comme X, 2002
Comix Club #4 (entretien), Groinge, 2007
American Elf: 1998-2003, Ego comme X, 2008


3. Entretien avec James Kochalka

La version originale (en anglais) de cet entretien est disponible sur du9.org.

N.- Il semble que vous ayez connu quelques difficultés à trouver un éditeur aux Etats-Unis pour publier les carnets d’American Elf. Vous présentez d’ailleurs dans l’un de vos strips une séquence où l’on assiste au refus de Chris Oliveros, le responsable éditorial de Drawn & Quarterly.

James Kochalka- La difficulté de trouver un éditeur pour mes carnets est liée au fait qu’ils ne prennent pas l’aspect d’un roman graphique mais d’un ensemble de strips. Dans un premier temps, les éditeurs ont donc éprouvé une certaine difficulté à se prononcer sur le concept. Le fait que Chris Oliveros ne désirait pas les publier n’est pas entièrement exact. Il ne parvenait tout simplement pas à se décider. Un jour, je l’ai donc contacté et j’ai pris la décision à sa place. Je lui ai dit « Tu ne veux pas l’éditer » et nous en sommes restés là. Avec un peu de recul, j’en suis arrivé à la conclusion que j’aurais dû le convaincre de se lancer dans ce projet plutôt que de l’en écarter. Cinq minutes plus tard, j’ai donc contacté Chris Staros, le responsable éditorial de Top Shelf. Il avait déjà refusé mes carnets mais, au bout de quelques instants, je l’ai persuadé de revenir sur sa décision.

N.- Avant d’être compilés dans des recueils, vos strips sont publiés jour après jour sur votre site web. Considérez-vous internet comme un espace d’édition autosuffisant ou envisagez-vous le support du livre comme la véritable finalité de votre travail ?

James Kochalka - C’est le strip qui doit être envisagé comme la base de mon travail. Le site web est le moyen le plus rapide et le plus direct pour présenter ce strip aux lecteurs. Le livre est un autre support qui permet d’atteindre un public. L’avantage du site internet tient de son immédiateté. Celui du livre tient de son caractère à la fois permanent et intime.

N- Dans le XeroXed #1 , Joe Matt écrivait : « Je vois la génération qui me succède comme étant plus libre, moins névrosée, moins rebelle et ayant une approche de la Bande Dessinée qui privilégie le dessin de manière bien plus importante que l’écriture ». Vous sentez-vous plus proche de la génération de Joe Matt ou de celle qui lui succède ?

James Kochalka - Hum... Je ne sais pas trop. Pour autant que je sache, je suis peut-être plus âgé que Joe Matt. J’aurai 37 ans le mois prochain [en avril 2004]. Je dirais simplement que la vie a été très généreuse avec moi. Je suis libre ET rebelle. Je me révolte contre tout ce qui tente d’imposer des limites à mon bonheur, mes explorations artistiques, mon travail et mon « terrain de jeu ».


N.- Vous avez participé à deux livrets baptisés Conversation où vous échangez vos réflexions sur la Bande Dessinée avec Jeffrey Brown et Craig Thompson. Ce dernier signalait faire partie de la génération « Understanding Comics », une génération d’auteurs qui attacherait plus d’importance à la théorie que celle qui la précède. Partagez-vous ce sentiment ?

James Kochalka - Je porte en effet un grand intérêt à la théorie... car j’aime réfléchir, tout simplement. Je suis intelligent sans être un intellectuel. Je suis un penseur ludique.

N.- Dans mon souvenir, Top Shelf avait annoncé un troisième de ces carnets dessinés à quatre mains. N’étiez-vous pas supposé rencontrer Frank Miller pour un nouvel échange ?

James Kochalka - Frank devait en effet succéder à Craig et à Jeffrey mais il s’est cassé un bras. Sa carrière dans le cinéma a ensuite pris son envol et nous en sommes restés là. J’ai alors entamé un carnet avec Tom Devlin, mon ancien éditeur (il dirige Highwater Books et est aussi un auteur très doué). Tom a malheureusement abandonné après la deuxième planche. Plus récemment, j’ai débuté un carnet avec Jeff Smith. A la cinquième planche, son emploi du temps ne lui a plus permis de poursuivre. J’ai bon espoir que ce carnet voie cependant le jour.

N.- Pour en revenir à American Elf, comment avez-vous envisagé l’idée de dessiner un strip par jour ? Cela tient-il pour vous d’une forme de « rituel » qui apaiserait votre anxiété naturelle ?

James Kochalka - Je ne qualifierais pas mon approche de « cathartique ». Là où d’autres personnes structurent leur vie au travers de leur métier, j’y parviens par l’écriture quotidienne de ces carnets. Ils forment une trame indissociable du tissu de mon existence.

N.- Cette contrainte de dessiner un strip quotidiennement ne génère-t-elle pas une sorte de frustration lorsque vous avez de la matière pour écrire plusieurs séquences le même jour ?

James Kochalka - Je n’éprouve pas ce sentiment car je dessine parfois plusieurs strips le même jour. De plus, je me suis aperçu que la plupart des événements de la vie se produisent plus d’une fois. Si je passe à côté de quelque chose un jour, je pourrai écrire sur cet événement tôt ou tard car il est voué à se répéter. Il y a parfois certaines situations que j’observe et dont j’attends qu’elles se produisent à nouveau car je sais que je pourrai les évoquer à ce moment-là. Ce ne sont pas forcément de grandes choses, ce sont parfois des petits détails de la vie de famille. 2008 marque la dixième année d’American Elf. Je pourrais avoir atteint ce stade du projet sans même m’être posé une seule question sur une telle entreprise. Cependant, j’ai toujours tenu à m’aventurer dans de nouveaux territoires. Et ce sans compter sur ma vie qui semble s’aventurer d’elle-même dans des contrées inexplorées : mon épouse Amy et moi venons d’avoir notre second enfant.

N.- La naissance d’Eli, votre premier enfant, marque à mes yeux un tournant dans l’écriture d’American Elf. Avec son arrivée, j’ai le sentiment que l’aspect « magique » de votre œuvre (peuplé de personnages à l’apparence d’elfes ou d’animaux) et l’aspect plus « réel » (veine autobiographique) se confondent totalement. Eli vous apporte une sorte d’émerveillement constant qui prend le pas sur votre besoin d’altérer votre représentation du réel.

James Kochalka - La naissance de mon premier fils m’a permis en grande partie d’unifier tous les aspects de ma vie. Etre père et artiste m’a vraiment aidé en cela. Le travail et le jeu ne font plus qu’un... Je dessine nos parties de jeux et d’aventures, nous dessinons alors que nous jouons. Mon métier est de dessiner et dessiner est un jeu. Le réel et l’imaginaire sont aussi réunis. Tout ce que nous faisons est magnifié et intensifié par le spectre de notre imagination pour devenir quelque chose de différent, de plus captivant, de plus magique. Tout est magique dans mes bons jours en tout cas... Lorsqu’ils s’assombrissent, je vis dans un véritable cauchemar. Mais je compte plus de bons jours que de mauvais.


N.- Cela rejoint en partie le travail de Lewis Trondheim que le Comics Journal décrivait comme « étant proche de l’écriture manuscrite, aussi naturel que la respiration, aussi spontané que la vie ». Tentez-vous d’atteindre ce même résultat au travers de vos carnets ?

James Kochalka - Tout à fait. Il n’y a pas de séparation entre l’art et ma vie. Maintenant que je parviens à vivre de mes bandes dessinées, il n’y a plus non plus de séparation entre le travail et le jeu. Comme je le disais précédemment : le travail, le jeu, l’art et la vie ne sont qu’une seule et même chose à mes yeux.

N.- Dans American Elf, vous créez d’ailleurs un strip à partir d’une dédicace de Lewis Trondheim. Comment avez-vous découvert ses albums ?

James Kochalka - Si ma mémoire est bonne, j’ai dû les découvrir dans une librairie à Montréal qui n’est qu’à deux heures de là où je vis. C’était à une époque où j’achetais de nombreuses bandes dessinées en français même si je ne maîtrise pas votre langue. Il m’a fallu près de six mois pour lire Lapinot et les Carottes de Patagonie armé de mon dictionnaire français-anglais.

N.- Appréciez-vous d’autres bandes dessinées européennes ?

James Kochalka - Astérix était l’une des mes séries favorites lorsque j’étais enfant. J’ai commencé à acheter les albums bien avant qu’ils ne soient disponibles en anglais. Mon père m’emmenait à la librairie de l’Université de Dartmouth et je choisissais quelques albums de l’édition française. Je parvenais malgré tout à comprendre une bonne partie des histoires. Cette série m’influence encore lorsque je travaille sur des albums humoristiques. L’autre classique européen que j’adorais était les livres des Moomin (pas les bandes dessinées mais les romans). J’ai aussi découvert les Schtroumpfs mais au travers des jouets. Je les aimais beaucoup et, lorsque les adaptations en dessins animés sont apparues, je fus ravi. Je m’amuse encore avec le jeu vidéo des Schtroumpfs sur mon vieil Atari. Pour autant que je sache, les albums originaux n’ont jamais été publiés aux Etats-Unis. J’aimerais pouvoir découvrir cet univers.


N.- Vous avez baptisé votre GameBoy Advance du nom de Milou. Hergé fait-il aussi partie de ces auteurs qui ont eu une influence sur votre travail (comme dans l’aventure de Pinky & Stinky sur la Lune) ?

James Kochalka - Tintin est pour moi la meilleure bande dessinée d’aventure. Dès que je dessine une bande dessinée dans ce genre, Hergé m’apparaît indéniablement comme une influence majeure. Lorsque j’essaie de créer un petit monde pour y faire exister mes personnages, je pense souvent à la façon dont il assemble son univers. Je désire créer un monde vivant et coloré comme le monde d’Hergé peut sembler vivant et coloré. Je ne veux pas que mon univers ressemble au sien, je désire simplement qu’il attise l’imagination de la même manière. Et Milou est mon personnage préféré de l’univers de Tintin car il n’aboie pas de la même manière que les chiens américains...

N.- Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec l’œuvre d’Hergé ?

James Kochalka - Oui. Mon père était rédacteur en chef d’un journal et l’éditeur américain de Tintin lui avait envoyé des copies de presse de l’album. Mon père me donna Le Trésor de Rackham le Rouge. Je l’ai adoré mais je me suis plaint du fait qu’il s’agissait de la seconde partie d’un récit qui en comportait deux. Il est monté et est redescendu avec la première partie ainsi que Le Sceptre d’Ottokar et Le Crabe aux Pinces d’Or. Ce fut un jour merveilleux. J’étais passé en une journée de l’ignorance complète de Tintin à une immersion complète dans son univers.

N.- Dylan Horrocks est fasciné par le dessin d’Hergé « où tout semble parfait et défini par des lignes simples et claires ». Partagez-vous le même attrait pour son style ?

James Kochalka - Je ne suis pas attiré par cet aspect de perfection mais plutôt par la puissance de la simplification. Ce qui me passionne, c’est de parvenir à bâtir un univers complexe à partir d’éléments de construction très simples. A l’image de notre univers si simple et si complexe à la fois.

N.- Dans votre troisième carnet, vous insérez pourtant plus de détails dans vos dessins (comme les rayures de votre chat Spandy qui apparaissent soudain au détour d’un strip). En 2007, vous vous dessinez de manière plus réaliste puis soudain vous retournez à un style plus naïf. Quelles sont les raisons de ces modifications stylistiques souvent très marquées ?

James Kochalka - Je suis incapable de tirer une quelconque satisfaction d’un style qui serait devenu statique. Je me suis simplement aperçu un matin que je ne dessinais pas les rayures de mon chat. J’ai donc décidé de représenter Spandy de manière plus réaliste. Je ne m’étais jamais rendu compte que ce détail manquait dans les deux premiers carnets. Au fil de l’écriture d’American Elf, de nombreuses « révélations » du même type se sont produites. Elles sont d’ailleurs plus souvent liées à la découverte de la signification profonde des choses qu’à celle de l’absence de certains détails physiques.

N.- Vous écrivez dans l’introduction de votre premier carnet que « la vie ne possède pas la structure d’une narration de type classique ». Vos strips vous permettent-ils d’expérimenter une voie nouvelle ?

James Kochalka - Je tente simplement de produire une forme d’art qui serait plus proche de celle de la vie. La narration classique est une construction très artificielle qui ne m’est d’aucune utilité lorsque j’explore mon quotidien.

N.- Les premiers carnets d’American Elf sont dessinés en noir & blanc. Vous travaillez désormais en couleurs. Cette technique est-elle votre nouveau « terrain de jeu » ?

James Kochalka - Je suis passé à la couleur sur American Elf en 2002 lorsque j’ai lancé le site AmericanElf.com. La couleur a toujours une sorte de pierre d’achoppement dans mon parcours artistique. Cette situation a changé grâce à l’informatique. Travailler tous les jours sur un ordinateur m’a permis de tester de nombreuses gammes de couleurs sans avoir à me préoccuper des conséquences (il suffit simplement de cliquer sur la touche « undo »). Je crois que je maîtrise désormais relativement bien l’usage des couleurs. Elles m’apparaissent maintenant comme étant intuitives, naturelles et personnelles. J’adore m’atteler à cette partie de mon travail.

N.- Vous vous permettez une grande liberté dans votre rapport au dessin et à la couleur. Un dialogue avec votre épouse laisse cependant penser qu’il existe quelques règles qui définissent les limites de la représentation de votre intimité.

James Kochalka - Il n’y a aucune règle. Je crois ne m’être jamais représenté en pleine masturbation. J’ai certainement dû y faire allusion. Je l’ai même peut-être dessiné mais alors je ne m’en souviens plus. Je ne prête plus aucune attention à ce que j’ai pu écrire. J’avance toutes voiles dehors, sans jamais regarder vers l’arrière.

N.- La représentation de votre intimité dans vos strips trouve un écho particulier lorsque l’on sait que vous exposez aussi votre « intimité » en chantant sur scène. Ôter vos vêtements lors d’un concert de rock tient du même rapport de dévoilement ?

James Kochalka - J’ai le sentiment que le rapport est différent. Un concert rock demande une forme d’énergie qui mène parfois à se défaire de certains de ses vêtements. Je ne m’expose donc pas plus ; je me plonge entièrement dans le « Rock & Roll ». Si j’y réfléchis d’une manière rationnelle, je préférerais ne pas en arriver là mais l’énergie du spectacle ne me laisse pas le choix... Dans mes carnets, je n’ai pas non plus le sentiment de vouloir me révéler au lecteur. Je tente simplement de creuser au plus profond de moi. J’essaie d’en apprendre plus sur moi, d’atteindre une forme d’acuité « magique ». Ni les concerts de rock, ni les carnets n’ont pour dessein de me révéler. Si je me retrouve finalement « à découvert », je crois que cela n’est le résultat que d’un effet secondaire...


N.- En dehors de la bande dessinée et de la musique, vous réalisez aussi de nombreuses peintures. Une sélection de vos toiles sera réunie dans l’ouvrage Little Paintings. Top Shelf présente votre relation à ces tableaux de formats réduits comme tenant d’une « obsession dévorante ». Ce médium vous permet-il de répondre à un besoin qui ne serait pas comblé par les deux autres ?

James Kochalka - Le terme d’obsession dévorante est un peu exagéré. L’an passé [en 2007], j’ai travaillé de manière plutôt intensive sur la production de nouvelles toiles afin d’être prêt pour deux expositions. Les carnets restent cependant mon projet le plus important. Les tableaux ne viennent qu’en deuxième position. Mes toiles répondent à un certain besoin mais d’une autre manière. J’aborde dans la peinture les mêmes problématiques de l’existence mais au travers d’une voie plus symbolique.

N.- Les grandes icônes américaines (la bannière étoilée ou les logos d’entreprises comme McDonald’s) font de nombreuses apparitions dans vos albums. Quel est votre rapport avec la société américaine ?

James Kochalka - Je suis américain et ces symboles trouvent donc une profonde résonance dans ma vie quotidienne. Mon père m’a inspiré des sentiments proches de l’exaltation pour McDonald’s. Je me souviens que lorsque j’étais enfant nous allions dans ce restaurant et il nous disait : « Vous imaginez qu’à cet instant des gens partout en Amérique mangent au McDonald’s exactement comme nous ». La notion d’être lié à tous les citoyens de ce pays était très forte dans un moment comme celui-là. Bien sûr, mon père disait cela dans un trait d’humour. Mais en tant qu’enfant, j’éprouvais un sentiment patriotique très profond.

N.- Vous avez accepté que sept de vos strips soient réédités dans l’ouvrage 9-11 : Emergency Relief pour « soutenir l’effort de guerre ». Cela tient-il du même sentiment patriotique ?

James Kochalka - Pas du tout ! Mes allusions au « soutien de l’effort de guerre » dans mes strips étaient entièrement sarcastiques. Nous étions désemparés après les attentats du 11 septembre 2001. Nous étions anéantis et en larmes avant d’être soudain envahis par un sentiment de jubilation maniaco-dépressive. Mes strips n’étaient que l’expression de ces émotions. Ils faisaient partie d’une démarche visant à maintenir mon équilibre mental, équilibre que je ne suis toujours pas parvenu à recouvrer entièrement (même si cela peut vous paraître difficile à croire). J’en suis arrivé au point de penser que les Etats-Unis pourraient totalement sombrer dans l’anarchie avant la fin de ma vie. Je prie pour que cela n’arrive pas. Nos vies seraient alors plongées dans un véritable enfer.

N.- Vous avez récemment abordé la revisitation d’une autre grande icône américaine, celle du super-héros. Votre série Super F*ckers, bien qu’étant liée à votre goût d’enfant pour ces lectures, est bien loin de reprendre le même type de figure héroïque. Vos personnages sont des adolescents névrosés, drogués et violents. Super F*ckers apparaît presque comme une satyre sociale de l’Amérique contemporaine.

James Kochalka - J’ai réfléchi durant des années au fait que toutes les choses sont liées entre elles. Je voulais écrire un roman graphique complexe et aux proportions pharaoniques qui me permettrait de développer ce concept. C’est à la même période que j’en suis arrivé à définir ce que j’appelle ma « Théorie de l’Univers Maléfique ». Pour faire simple, cette théorie est basée sur l’idée que tout est néfaste et que tout acte est un acte de guerre. La paix et la bonté ne viendraient donc que du vide et du désœuvrement. Lorsque j’ai entamé Super F*ckers, je me suis aperçu que la série tournait au récit de super-héros un peu loufoque. Le sens profond de cette histoire parvient cependant à se dégager de ce fouillis. La plupart des événements relatés dans cette série sont inspirés directement de mon expérience d’étudiant. Ils sont bien entendu exagérés pour le besoin du récit.

N.- Cette théorie est-elle née après le 11 septembre ? On pourrait y voir une forme de critique de la politique extérieure américaine (depuis les interventions des Etats-Unis dans les pays arabes jusqu’au 11 septembre et des attentats à la guerre en Iraq) ?

James Kochalka - Peut-être. En fait, pour les Américains, tout est lié au trauma du 11 septembre. Nous prétendons aller bien alors qu’en réalité nous sommes mal barrés. Ma théorie de l’Univers Maléfique s’étend cependant jusqu’au niveau cellulaire. Et même plus loin. Je n’ai donc pas le sentiment qu’il soit directement lié aux problèmes de géopolitique.

N.- Avez-vous le sentiment que votre travail sur les strips d’American Elf a modifié votre manière d’écrire des romans graphiques ?

James Kochalka - American Elf m’a permis d’unifier les différents aspects de ma vie. Ces carnets m’ont donné une base stable qui m’offre la possibilité d’être plus libre sur mes autres travaux. J’ai le sentiment de pouvoir tout me permettre.

[Entretien réalisé fin janvier 2004 et début janvier 2008 pour le carnet d'entretien XeroXed #5 - ©2008 James Kochalka & Nicolas Verstappen - ©2008 James Kochalka pour les illustrations]

vendredi, février 08, 2008

XeroXed #5: James Kochalka

© 2008 XeroXed, James Kochalka & Ego comme X

Le cinquième carnet XeroXed est paru hier! Il reprend un entretien avec James Kochalka ainsi que quatre illustrations inédites de son chat Spandy. Ce livret est offert à l'achat de la version française du superbe American Elf (paru chez Ego comme X).
La première version du XeroXed #5 (avec couverture sur film transparent) est limitée à 50 exemplaires...


mardi, janvier 15, 2008

Previews Xeroxed #5: James Kochalka

© 2008 James Kochalka/Nicolas Verstappen

Et voici la première de couverture du cinquième carnet XeroXed. Il sera consacré à James Kochalka et reprendra un entretien avec l'auteur américain ainsi que quatre illustrations inédites de son chat Spandy. Ce livret sera offert à l'achat d'un album de James Kochalka à l'occasion de la sortie de la version française d' American Elf chez Ego comme X (le 25 janvier 2008).
La première version du XeroXed #5 (avec couverture sur film transparent) sera limitée à 50 exemplaires.

© 2008 James Kochalka/Ego comme X

jeudi, novembre 15, 2007

XeroXed: James Kochalka !!!!

© James Kochalka

Les éditions Ego Comme X annoncent une nouvelle fois la parution en français de l'un des ouvrages autobiographiques les plus attendus et les plus imposants de ces dix dernières années, à savoir le American Elf de James Kochalka! Sa sortie est prévue pour le 25 janvier 2008. Le carnet XeroXed #5 consacré à l'auteur (et annoncé lui aussi depuis septembre 2004) paraîtra donc le même jour! Je vous donnerai plus d'informations bientôt. Promis!

jeudi, octobre 27, 2005

Tintin back in America (I): R. SALA/J. KOCHALKA

TINTIN BACK IN AMERICA (I): R. Sala/J. Kochalka

Enfant, j'aimais les albums de Tintin parce que c'étaient ceux de mon père. L'épais papier jauni et mat, l'odeur de vieux livre qui en émane quand on les ouvre, les fils rouges qui s'échappent du dos toilé usé. J'aimais ces aventures fabuleuses, cette galerie de personnages uniques qui faisaient un peu partie de ma famille.
Et comme je me suis souvent disputé avec mon petit frère et ma petite soeur, je me suis souvent disputé avec Tintin.
Je suppose que c'est une étape des plus normales, une crise d'adolescence dans ma découverte de la Bande Dessinée. Il faut un jour reprocher à Tintin tout un tas de choses parce qu'on passe par la lutte des Modernes contre les Anciens, par snobisme intellectuel, parce que c'est comme ça, pour quelques bonnes raisons parfois.
Et puis, après avoir bien lu les "Modernes", on se rend compte que Tintin est toujours là. Jason me parlait de l'influence d'Hergé sur son oeuvre dans notre entretien du Totem. Une apparition dans un Julie Doucet, un clin d'oeil de Charles Burns, mentionné par Dylan Horrocks, Joe Matt, Chester Brown ou encore James Kochalka. Toujours là dans ma bibliothèque aussi. Parce que ce sont les albums de mon père. Parce que je les aime bien... malgré tout. Une famille, ça ne se renie pas comme ça.
Alors j'ai voulu savoir pourquoi les autres aimaient les aventures de ce jeune reporter belge et surtout ces auteurs alternatifs américains qui le citent si souvent. Je remercie James Kochalka et Richard Sala d'avoir accepté de répondre à mes questions.

1. Richard Sala

Richard Sala est l'auteur de nombreux récits fantastiques où se mêlent l'humour et l'horreur. On retrouve chez l'éditeur alternatif américain Fantagraphics sa série Evil Eye (Peculia), l'anthologie Maniac Killer Strikes Again et le roman graphique Mad Night. Il a participé à RAW, l'anthologie culte dirigée par Art Spiegelman et Françoise Mouly. Il travaille aussi dans l'illustration (The New York Times) et a participé à une série d'animation (MTV). Son site internet: Richard Sala

Nicolas - Vous souvenez-vous de votre premier contact avec l’oeuvre d’Hergé?

Copyright: Richard Sala/Fantagraphics

Richard Sala – Je devais avoir huit ou neuf ans. Ma famille parcourait l’Illinois en quête d’antiquités. Nous sommes entrés dans une boutique de seconde main et j’y ai découvert mon premier album de Tintin. C’était le Secret de La Licorne en édition cartonnée.

N.- Quel souvenir gardez-vous de cette première ‘rencontre’?

Richard Sala – C’était entièrement différent de toutes les bandes dessinées que j’avais pu voir jusque-là. De toute évidence, c’était bien plus «subtil» que les habituels comics de super-héros ou d’humour produits pour les enfants américains. Ca n’insultait pas l’intelligence du lecteur. Ca m’a même paru très «adulte» à l’époque !
J’étais véritablement tombé amoureux de cet album et je pouvais parcourir longuement la liste des autres titres répertoriés en quatrième de couverture. Il me semblait totalement improbable que je puisse en dénicher un autre ! Mais quelques temps plus tard, j’en ai trouvés dans une petite librairie de Wheaton en Illinois. Je n’en revenais pas!

N.- Quel est votre album préféré?

Richard Sala – Le récit combiné du Secret de la Licorne et du Trésor de Rackham le Rouge est sans doute mon préféré (si je devais n’en choisir qu’un).

N.- Et comme personnage ?

Richard Sala – Le capitaine Haddock !

N.- Avez-vous lu les albums de Tintin dans leurs versions anciennes (premières éditions en noir et blanc/couleurs) ?

Richard Sala – J’achète les réimpressions de ces albums lorsque je parviens à les trouver. C’est fascinant de lire ces premières versions.

N.- D’autres classiques de la Bande Dessinée européenne vous ont-ils aussi attiré (comme Astérix, Les Schtroumpfs, Lucky Luke…)?

Richard Sala – J’ai essayé mais rien n’a jamais égalé mon affection pour les extraordinaires aventures de Tintin.

N.- Quelles sont pour vous les qualités les plus impressionnantes de l’œuvre d’Hergé ?

Richard Sala - Ses personnages! Quelle équipe! J’étais toujours si heureux quand un vieux personnage réapparaissait. Et j’adorais comment, en plein milieu d’une aventure, Dupont et Dupond débarquaient vêtus d’un déguisement ! Il m’arrivait de contempler pendant heures les portraits encadrés des personnages dans les pages de garde des versions cartonnées. Cela a pris des années avant que tous les albums de Tintin soient finalement disponibles aux Etats-Unis et que je puisse enfin faire correspondre tous les personnages avec les albums !

N.- Pensez-vous qu’il y ait une influence directe d’Hergé sur votre propre travail ?

Richard Sala – Oui. Ce n’est pas quelque chose d’évident au premier abord mais plusieurs lecteurs et critiques ont remarqué de petites touches qui leur rappelaient Hergé. Je ne le fais pas à dessein. Il se trouve simplement que l’incroyable maîtrise de la narration d’Hergé est devenue une partie intégrante de mon propre vocabulaire narratif.

(entretien avec Richard Sala réalisé en 2005 via courrier électronique - copyright Richard Sala/Nicolas Verstappen)

2. James Kochalka

James Kochalka est un auteur prolifique. Il aborde la Bande Dessinée comme un vaste terrain de jeu au travers de l'autobiographie (Sketchbook Diaries) , de réflexions sur les comix (Conversations), d'albums où se mêlent action et aventure (Monkey Versus Robot) ou de récits de super-héros (Super F*ckers). Ego comme X a déjà publié son roman graphique Kissers en français et prépare la sortie de son American Elf. Un carnet d'entretien Xeroxed sera édité à l'occasion da la parution de cet ouvrage. James Kochalka est aussi le leader d'un groupe de rock. Son site: James Kochalka

copyright: James Kochalka/Top Shelf

Nicolas – Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec l’œuvre d’Hergé ?

James Kochalka – Oui. Mon père était rédacteur en chef d’un journal et l’éditeur américain de Tintin lui avait envoyé des copies de presse de l’album. Mon père me donna Le Trésor de Rackham le Rouge. Je l’ai adoré mais je me suis plaint du fait qu’il s’agissait de la seconde partie d’un récit qui en comportait deux. Il est monté et est redescendu avec la première partie ainsi que le Sceptre d’Ottokar, le Crabe aux Pinces d’Or et deux autres albums si ma mémoire est bonne. Ce fut un jour merveilleux. J’étais passé en une journée d’une ignorance totale de Tintin à une immersion complète dans son univers.

N. – Quel élément vous frappa le plus à l’époque ?

James Kochalka – J’étais fasciné par la précision avec laquelle ces récits étaient dessinés.

N.- Quel est votre album préféré?

James Kochalka - Le Sceptre d'Ottokar était mon favori. Aujourd'hui, ça n'a plus vraiment d'importance. Je les apprécie tous.

N.- Et votre personnage préféré?

James Kochalka - Milou. Il n'aboie pas de la même manière que les chiens américains.

N.- Avez-vous lu d'autres oeuvres d'Hergé?

James Kochalka - Adulte, j'ai lu trois albums de Jo et Zette. Ils ne m'ont pas laissé une forte impression. Je pense qu'une partie de l'attrait de Tintin tient de la nostalgie. En tant qu'adulte, j'apprécie d'autant plus un album pour enfants s'il évoque quelque chose lié à mon enfance.

N.- Appréciez-vous d'autres classiques de la Bande Dessinée européenne?

James Kochalka - Astérix était l'une des mes séries favorites lorsque j'étais enfant. J'ai commencé à acheter les albums bien avant qu'ils ne soient disponibles en anglais. Mon père m'emmenait à la librairie de l'Université de Dartmouth et je choisissais quelques albums de l'édition française. Je parvenais malgré tout à comprendre une bonne partie des histoires.
L'autre classique européen que j'adorais était les livres des Moomintroll. Pas les bandes dessinées mais les romans.
J'ai aussi découvert les Schtroumpfs mais au travers des jouets. Je les aimais beaucoup et lorsque les adaptations en dessins animés sont apparues, je les ai beaucoup aimées aussi. Je m'amuse encore beaucoup avec le jeu vidéo des Schtroumpfs sur mon vieil Atari. Pour autant que je sache, les albums originaux n'ont jamais été publiés aux Etats-Unis. J'aimerais pouvoir les découvrir.

N.- Quelle est pour vous la plus grande qualité du travail d'Hergé?

James Kochalka - Oh, je n'ai pas très envie de le disséquer ainsi. Je préfère apprécier Hergé comme un tout, sans avoir à le couper en morceaux comme pour une autopsie!

N.- Pensez-vous qu'il ait eu une influence directe sur votre travail?

James Kochalka - Lorsque j'essaie de créer un petit monde pour y faire exister mes personnages, je pense souvent à la façon dont il assemble son petit univers. Je désire créer un monde vivant et coloré comme le monde d'Hergé peut sembler vivant et coloré. Je ne veux pas que mon univers ressemble au sien, je désire simplement qu'il attise l'imagination de la même manière.

(Entretien avec James Kochalka réalisé en 2005 via courrier électronique - copyright James Kochalka/Nicolas Verstappen)