Voici pour les fêtes une relecture du texte de Charles Dickens. Et un joyeux Noël à tous!
1. Le Fantôme de Noël passé : Entretien avec Joann Sfar
Nicolas - Lors de la création de l’univers des Donjons, est-ce que l’idée de mettre en scène des personnages à têtes animales est venue spontanément ?
Joann Sfar – Oui. Mais il ne s’agissait pas vraiment d’animaux dans notre esprit. Nous voyions plutôt ça comme des rencontres géométries/monstres/animaux. L’idée est de présenter au lecteur un univers multi-ethnique dans lequel on n’a pas spontanément envie de s’identifier à un groupe plutôt qu’à l’autre : « tout le monde sont des monstres ».
N. – Aviez-vous réfléchi aux possibilités ou aux limites que pouvaient induire ce genre ?
Joann Sfar – Oui. Aucune limite thématique car les physiques animaliers permettent de faire passer de l’ultra violence qui pourrait mettre mal à l’aise dans un autre traitement. Une limite nerveuse : quand j’ai dessiné des lapins pendant quarante six pages, j’ai hâte de faire des humains !!!
N. – Le choix de prendre des lapins plutôt que des canards ou l’inverse a-t-il une motivation particulière ? On met par exemple plus facilement une tête de berger allemand à une personnage de policier ou de détective. Etait-ce la cas ici ?
Joann Sfar – Sans doute.
N. – Des œuvres comme Maus ou Fritz the Cat ont-elles marqué votre parcours d’auteur ou même de simple lecteur ?
Joann Sfar – Oui. Crumb, surtout, a été très important dans mon parcours. Fred, aussi, et la façon qu’il a de faire dialoguer des créatures improbables. En fait, Lewis est dans l’animalier, moi, je serais plutôt dans l ‘élémentaire : tel personnage est-il en bois, en pierre, en feu, c’est essentiel pour moi. J’aime Kirby et Bachelard. C’est à eux que je dois ça.
N. – Votre affection pour les contes expliquerait-elle votre goût pour les personnages animaliers comme Noyé, le poisson (1), Le chat du rabbin ou Socrate le demi-chien ?
Joann Sfar – Là, il s’agit vraiment d’une mystique de l’animal de compagnie. J’aime cette image totémique de l’animal de compagnie car le sens qu’elle véhicule est très ambivalent. Cela fait aussi penser au Daïmon de Socrate.
N. – Petit Vampire se transforme en rat dans son quatrième album et le rabbin devient un chat le temps d’un rêve dans la Bar-Mitsva. Partagés entre des corps animaux et humains, de nombreux personnages semblent naviguer entre plusieurs formes. Cela prend-il un sens particulier pour vous?
Joann Sfar- Oui. On revêt une forme animale lorsqu’on est exclu de la parole des hommes. Soit parce qu’on ne vous écoute pas. Soit parce qu’on n’accorde pas à votre parole la qualité d’une parole adulte. Cela renvoie à des traumatismes enfantins assez répandus malheureusement.
N. – Y a-t-il quelques créatures fétiches issues de votre propre panthéon et qui trouvent leur place dans les Donjons (comme la chauve-souris par exemple) ?
Joann Sfar- Lewis fait plutôt les animaux et moi plutôt les monstres. Non, en fait, on aime les monstres tous les deux. Chaque personnage de Donjon a vraiment été pensé graphiquement par nous deux. On arrive à un syncrétisme assez étonnant dans ce domaine. Nos créatures ne sont ni du panthéon de Lewis ni du mien. Elles sont du Donjon et le Donjon nous dépasse. C’est dit de manière grotesque mais c’est vrai. Il y a une identité propre et assez incontournable née du contact entre Lewis et moi.
N. – Dans des albums comme Petit Vampire fait du kung-fu , Le chat du rabbin ou les Donjons Crépuscule, on retrouve toute une série de personnages à tête de chat. A quand remonte cette fascination pour ces félins ?
Joann Sfar- J’ai eu des chats. J’en ai encore un qui est le chat du rabbin et aussi celui de Grand Vampire. J’adore le dessin d’après nature et les dessins animaliers sont mes favoris. Comme j’ai un chat sous la main, je le dessine tout le temps. Si j’avais un cheval, je ferais des chevaux. Et le caractère chat me plaît. Le mien est très collant et miaule nuit et jour avec une voix de porte qui grince. C’est un oriental, on s’entend bien.
N. – Avez-vous d’autres projets avec des personnages animaliers ou à visages animaliers à venir ?
Joann Sfar- Un cheval, avec Marjane Satrapi. Mais pas tout de suite.
(1) Noyé, le poisson, L'Association, collection Patte de Mouche, 1998.
(entretien réalisé via courriers électroniques le dimanche 21 avril 2002 - publié dans le recueil Totem en 2004 - copyright Joann Sfar/Nicolas Verstappen)
2. Le Fantôme du Noël présent : prix de la meilleure publication relative à la Bande Dessinée
Snif, snif... Que d'émotions! Le Xeroxed vient de remporter son premier prix. Le jury était composé de... June. Merci beaucoup l'ami!
3. Le Fantôme du Noël futur : l'espace "alternatif" fait peau neuve
J'en parlais déjà depuis quelques mois et le Fantôme du Noël futur (a.k.a. le "Boss") s'est chargé d'exaucer mon souhait: un nouveau meuble vient de remplacer l'ancienne table (oserais-je dire "l'ancienne table pourrie"?) des nouveautés "alternatives". J'espère que la présentation sera désormais plus claire (en tout cas moi je préfère). Merci le Boss!
Et comme j'ai trouvé une ancienne photo de la partie arrière de la Bulle d'Or sur le site de BrusselsBdTour, voici un petit comparatif visuel. Ceux qui le souhaitent peuvent s'amuser au "jeu des différences". Oui! Bien vu! Il y a cinq ans la porte arrière était légèrement plus ouverte...
Ci-dessus: l'espace "alternatif" -inexistant- d'il y a cinq ans... (copyright BrusselsBdTour)
Ci-dessous (sur la droite); l'espace "alternatif" de la Bulle d'Or aujourd'hui
1 commentaire:
C'est bien mieux comme ça en tous cas, une meilleure présentation et un bon éclairage et hop!!! Bon boulot, en tous cas, joyeux noel et déjà une bonne année 2006, à bientot.
davud
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