Couverture de Fraise et Chocolat - copyright 2006 Aurélia Aurita
L’Empire de la Passion ?
Nagisa Oshima bien sûr. Et Roland Topor aussi pour ceux qui se souviennent de la superbe affiche qu’il signait pour ce classique du cinéma érotique. Le mont Fuji entre en éruption. Le triangle rouge posé sur son sommet est tout à la fois la lave qui s’en échappe et la toison d’un bas-ventre féminin. La concision propre au génie. Le Japon, la femme et son désir en une image. Aurélia Aurita a fait cette image entièrement sienne.
Avec Fraise et Chocolat, la jeune dessinatrice française nous offre l’une des bandes dessinées les plus singulières de ces dernières années. Au travers de ce récit autobiographique situé au Pays du Soleil Levant, Aurélia Aurita nous dévoile les aspects les plus intimes de sa vie amoureuse. Comme beaucoup d’autres avant elle, diront certains. Comme personne, leur répondrais-je. Car nous sommes loin des frasques masturbatoires d’un Joe Matt ou de l’approche ‘punk’ d’une Julie Doucet. Aurélia Aurita évoque ses joutes sexuelles avec Frédéric Boilet (l’auteur des très réussis L’Epinard de Yukiko et L’Apprenti Japonais) d’une manière inédite. Sans détour ni pudeur, mais surtout avec un ton léger et d’un naturel désarmant. Avec énormément d’humour aussi et une fraîcheur graphique et narrative qui n’est pas sans évoquer celle de Joann Sfar (qui signe d’ailleurs la préface de l’ouvrage).
Mais ce serait une erreur de dégager de cet album ce seul aspect remarquable. L’auteur croque aussi le visage de son amant endormi, les instants de tendresse qui ponctuent cette débauche de sens. Et ces instants se chargent d’une émotion particulière. Des questions surgissent quand les corps fatigués ne parviennent à épuiser l’évidence. Qu’est-ce donc qui alimente cette passion ? Et pour combien de temps encore ? Longtemps je l’espère pour cet auteur qui pourrait bien devenir l’une des nouvelles impératrices du Neuvième Art.
Et pour le plaisir des yeux: l'affiche signée Topor
A+
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