jeudi, octobre 14, 2010

Pierre Feuille Ciseaux: deuxième édition (partie 1)

---
De retour de la seconde édition de Pierre Feuille Ciseaux qui s'est tenue comme l'an passé à la Saline royale d'Arc et Senans (près de Besançon), je vous propose de découvrir quelques photographies prises lors des samedi 02 et dimanche 03 octobre 2010. Durant ce week-end, l'événement ouvrait ses portes au public pour qu'il puisse découvrir les travaux réalisés durant les cinq jours précédents par une vingtaine d'auteurs en résidence. C'était aussi l'occasion de visiter l'exposition MXM/MMX des 20 ans de l'Association, de participer aux ateliers de sérigraphie et de linogravure tenus respectivement par All-Over et The Hoochie Coochie, d'assister à des projections et des causeries et de faire quelques emplettes à la librairie temporaire.  
---
  Le "reportage photo" dédié à la première édition est encore visible ici
--- 
---
L'exposition MXM/MMX présentée lors du Sismics Festival de Sierre a donc été remontée dans le cadre de ce Pierre Feuille Ciseaux. Voici la présentation de la démarche: "Tous les auteurs du catalogue de L’Association ont été conviés à choisir une planche originale de leurs archives, représentative de leur lien à L’Association, et à créer, pour l’occasion, une nouvelle œuvre en réponse libre à l’ancienne planche". Dans chaque cadre, deux planches d'un même auteur se répondent, se commentent ou se complètent. Le résultat est souvent intéressant et permet de découvrir quelques superbes originaux dont ceux de Kiki et Loulou Picasso. Sans parler des planches de Julie Doucet (n'est-ce pas, June)... Comme vous pouvez le constater sur la première photographie de ce sujet, le cadre de l'exposition était pour le moins impressionnant... Chapeau bas à toute l'équipe des bénévoles de l'Association ChiFouMi qui a monté chacun des panneaux dans des conditions "extrêmes".
---
Le catalogue de l'exposition MXM/MMX a été édité à l'Association sous le titre de XX/MMX.
---
---
Conçu avant tout comme un laboratoire, Pierre Feuille Ciseaux est l'occasion de réunir des auteurs autour de projets communs et de tenter des expérimentations graphiques et narratives. Cette année, Lisa Mandel a chapeauté la création d'un "studio" où de nombreux auteurs se sont répartis différents postes pour élaborer une bande dessinée "industrielle". Tandis que certains s'attelaient à l'écriture du scénario, d'autres se concentraient sur le storyboard, les crayonnés ou encore sur l'encrage. Cette expérience "tayloriste" (qui évoque le travail dans les ateliers des mangakas ou dans les anciens studios belges comme celui d'Hergé) fut saluée par les participants qui ont pu découvrir une méthode bien éloignée de leur expérience quotidienne (ce travail d'équipe laissait de côté toute forme d'isolement, de procrastination ou d'égo auteuriste pour citer un participant).
Dans la première photo, on peut voir Lisa Mandel, Anouk Ricard et Domitille Collardey qui discutent "bande dessinée industrielle".
Dans la seconde, l'auteur finlandaise Terhi Ekebom travaille sur un projet personnel qui fait suite à son superbe album Voyage. La dessinatrice m'a expliqué avoir longtemps cherché les composantes de sa technique de "carte à gratter": sélection du papier puis des pastels qui servent de couche de fond et enfin du pastel gras et noir qui recouvre la couche de pastels de couleurs. Terhi Ekebom dessine ensuite en "grattant" la couche noire avec un stylet. Le résultat est tout simplement magnifique! Sans compter que ses récits sont eux aussi très réussis. Ce fut ma "révélation" de ce PFC2. 
Dans la troisième photo, on découvre deux équipes de trois auteurs se pliant (au soleil) à l'exercice des "60 minutes". Chacun a dix minutes pour dessiner la première case d'un récit. Puis l'auteur fait passer cette première case au suivant qui a à nouveau 10 minutes pour faire la seconde case et ainsi de suite... jusqu'à obtenir 3 récits de 6 cases réalisées à "6 mains" au bout d'une heure. Le tout étant compliqué par une contrainte (ex: le phylactère de la première case doit contenir "je" et être au temps présent, le phylactère de la seconde case doit contenir "tu" et être au mode imparfait, etc...). Un vrai défi dans lequel j'ai été lamentable (mes excuses à mes deux comparses)... Dans le sens horlogique en partant de la gauche: Domitille Collardey, Etienne Lécroart, BearbozPierre Maurel, Vincent Vanoli et Anouk Ricard.     
---
---
Avec la présence d'Etienne Lécroart, Andréas Kündig, Alex Baladi et Ibn al RabinPierre Feuille Ciseaux réunissait cette année quatre membres éminents de l'OuBaPo (Ouvroir de Bandes Dessinées Potentielles). Les expérimentations furent donc nombreuses au cours de cette semaine.
Dans la première photo en partant de la gauche: Max de Radiguès, Benoît Preteseille et Ibn al Rabin. Durant l'exercice des "60 minutes", ces trois auteurs en grande forme se sont lancés le défi de doubler le nombre de planches. Ils sont ainsi parvenus à produire 6 planches à "6 mains" en une heure!
Dans la seconde photo, on peut voir un exercice "oubapien" qui part d'un strip des Peanuts de Charles Schulz pour arriver à un autre strip des Peanuts. A tour de rôle, les auteurs doivent créer des strips intermédiaires qui mèneront du premier strip au dernier en ne modifiant à chaque fois qu'un seul élément des différents strips intermédiaires. Mon explication n'est pas limpide mais il se fait déjà tard...
La troisième photo présente un détail de l'exercice dit "de la gouttière" réalisé par L.L. De Mars et Juhyun Choi. En gros, c'est encore plus compliqué à expliquer que l'exercice précédent mais disons simplement que deux auteurs intègrent progressivement et à tour de rôle des cases dans une bande. Cette bande est ensuite répétée mais en y en supprimant peu à peu d'autres cases pour amener le récit à sa conclusion. Le résultat, sombre et onirique, m'a paru très réussi.  
---
---
 All-Over et The Hoochie Coochie ont fait tourner les ateliers de sérigraphie et de linogravure durant une semaine et sans relâche. Lorsqu'on découvre les productions exposées sur les murs, on peine à imaginer le travail de Titan qui dut être fourni pour parvenir à tant de merveilles. Entre les "cartes de baseball" sérigraphiées à l'effigie des auteurs présents et les linogravures de Gautier Ducatez et de l'auteur hollandais Marcel Rijters, les membres des ateliers sont parvenus à produire une revue de huit pages entièrement sérigraphiées. Sous la direction de  Blexbolex, ce collectif a aussi été réalisé sous contrainte... Dans la dernière photo, on peut apercevoir Loïc Gaume qui discute avec Blexbolex (rognant les pages de la revue) tandis que l'équipe de l'atelier applique le dernier passage couleur.
---
--- 
Voici la démarche telle qu'expliquée par Loïc Gaume sur son blog: "La résidence de création collective à la Saline d'Arc et Senans a donné une série de projets dont une collaboration avec Blexbolex sur un journal en sérigraphie réalisé durant la semaine (du 27 sept. au 1er oct.). Le récit est mené à plusieurs mains, les planches se répondent en reprenant certains éléments extraits de la première planche dessinée (la dernière du journal). Exemple d'élément que l'on retrouve à chaque planche: une main à taille humaine.
Chaque planche s'imagine donc en fonction de la planche qui suit (dans l'ordre habituel de la lecture).
Ma réponse à un "KaBoom" et à l'univers "film noir" installé par Blexbolex, est une course en voiture accidentelle inspirée de La main au collet". Un vrai bijou que ce The People's Plague...
---
---
Dans la librairie temporaire, on pouvait trouver une étrange machine nommée "Distroboto". Pour 2 euros, elle vous permettait d'obtenir une boîte-surprise sérigraphiée contenant plusieurs petits travaux réalisés lors de la semaine. Je suis tombé sur des sérigraphies de Terhi Ekebom, d'Anouk Ricard et de L.L. De Mars. D'autres ont découvert les fameuses "cartes de baseball" ou encore le fanzine Le Roi du Fanzine réalisé par Max de Radiguès et Jonathan Larabie avec la complicité de Domitille Collardey. Cet hommage décalé à Pierre Maurel fut conçu dans le plus grand secret par ses joyeux comparses.
---
---
La librairie "temporaire" où l'on peut découvrir de bien beaux ouvrages. On notera le bon goût de la sélection avec Le Couloir de David Libens et le collectif Abruxellation de l'employé du Moi. Et puis comme j'évoque l'employé, je salue au passage Marie-Luce (qui dessine avec assiduité derrière un stand)...
---
Je parlerai de quelques autres choses et des "causeries" dans un prochain post... Promis... Nicolas.

Aucun commentaire: