samedi, février 28, 2009

Photocopie, mon amour

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Moins d'un mois après sa tournée européenne, Alec Longstreth publie le quatorzième numéro de son fanzine Phase 7 consacré à son voyage sur le Vieux Continent... Je n'en croyais pas mes yeux au moment d'ouvrir l'enveloppe contenant ce précieux carnet de bord. Voilà que l'auteur qui s'associe volontiers à une tortue se fait plus rapide qu'un lièvre . C'est peut-être l'effet de la bière belge... qui s'accomode si bien à la cuisson du lapin... Hum. Avec ses observations sur notre mode de vie qu'il compare avec humour à celui de son Amérique natale, Alec Longstreth nous fait redécouvrir les reliefs de notre plat pays. Il évoque aussi son passage à la librairie pour sa séance de dédicaces avec Dash Shaw dans deux cases que j'ai inserées plus haut. Encore un grand merci à Alec (so many thanks!!!), à Max et à l'employé du Moi pour cette belle rencontre!
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Trois fanzines ont rejoint l'espace qui leur est dédié à la librairie en ce mois de février. Le Soap #37 (qui marque hélas la fin de cette belle aventure), le livret Avant la Catastrophe de Max de Radiguès et le Cheval de Quatre #3 (ou numéro "quatre moins un") sont désormais disponibles.



mercredi, février 25, 2009

Le Retour de "Pinocchio"

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L'excellent Pinocchio qui s'est vu décerner le Fauve d'Or au dernier Festival d'Angoulême vient d'être réimprimé et une troisième édition est déjà sous presse! Ne manquez surtout pas cette interprétation cruelle et décalée du conte de Carlo Collodi par le génial Winshluss (alias Vincent Paronnaud, co-réalisateur du film Persepolis) qui utilise avec virtuosité une palette de styles graphiques variés pour transcender chacune des séquences de ce somptueux récit!
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Ce superbe album est disponible dans notre librairie au prix de 27.00€ (au lieu de 30.00€)

vendredi, février 20, 2009

Cachet XeroXed #3: Kan Takahama

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Si Jirô Taniguchi est considéré par beaucoup (et peut-être à tort) comme le plus "européen" des auteurs nippons, Kan Takahama pourrait bien être son équivalent féminin. Dans ses histoires courtes de l'Eau Amère, la talentueuse dessinatrice nous dévoile la complexité des rapports humains au moment de ruptures souvent difficiles mais parfois étrangement tendres. Un personnage de cet album exprime bien ce sentiment par l'expression: fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve. Cette phrase est le fil conducteur d'un recueil tour à tour drôle et émouvant où la contemplation et la passion se mêlent pour révéler une atmosphère dont le caractère reste en réalité profondément japonais. Kan Takahama relève la saveur des émotions au travers de personnages ordinaires qui, par leurs rencontres, quitteront le sentier de la résignation. Un petit bijou.
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Cachet XeroXed #3 de Kan Takahama
Après Adrian Tomine & Dash Shaw, la dessinatrice japonaise a gentiment accepté de nous faire parvenir une illustration inédite pour orner son album sous la forme d'un cachet limité à 100 exemplaires. Ce cachet n'influe en rien sur le prix de l'album. Comme pour les carnets d'entretien XeroXed, ce supplément est entièrement gratuit et disponible chez Multi BD à Bruxelles.
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©2009 Kan Takahama & XeroXed.be

L'Eau Amère de Kan Takahama, Casterman (Sakka/Auteurs), 12.50€



mercredi, février 18, 2009

On a repoussé les murs, une fois de plus...

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Le plus gros des travaux étant terminé et les librairies Multi BD et La Bulle d'Or étant enfin réunies en un seul espace, le rayon consacré aux bandes dessinées dites "alternatives" s'est agrandi pour vous offrir une meilleure présentation et un plus grand choix de titres (dont de nombreux ouvrages en anglais). Le Côté Obscur vaincra!

mercredi, février 11, 2009

XeroXed (XIV): DASH SHAW

Une présentation de l'album Bottomless Belly Button par l'auteur
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XEROXED XIV: DASH SHAW
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A. Biographie de Dash Shaw
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Dash Shaw est né en 1983 à Hollywood (Californie). Il a grandi en Virginie avant de partir s’installer à New York où il suit les cours de la SVA (School of Visuel Arts) dont il sortira diplômé en 2005. Il est l’auteur de trois romans graphiques et d’un recueil d’histoires courtes. Il collabore régulièrement à la revue Mome de Fantagraphics Books et est également membre du groupe de musique pop Love Eats Brains ! et réalisateur de courts métrages.
Son dernier roman graphique intitulé Bottomless Belly Button a été encensé par la critique américaine (« le meilleur roman graphique de l’année » pour le New York Magazine) et son webcomic BodyWorld, actuellement publié sur son site internet, vient d’être signé par le prestigieux éditeur Pantheon Books
. A 25 ans, Dash Shaw est au cœur de toutes les attentions tant le talent de ce jeune prodige laisse entrevoir de nouvelles œuvres magistrales.
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Site internet de Dash Shaw : dashshaw.com
Site internet de son éditeur français: caetla.fr
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Le carnet d'entretien XeroXed et le cachet qui accompagnent Bottomless Belly Button
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B. Bibliographie non-exhaustive
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En français:
Bottomless Belly Button (nombril sans fond)
, ça et là, 2008.

Virginia (The Mother's Mouth) , ça et là, à paraître au premier semestre 2009

En anglais:
Love eats Brain: A Zombie Romance
, Odd God Press, 2004
Goddess Head (short stories), Teenage Dinosaur Press, 2005.
The Mother’s Mouth, Alternative Comics, 2006.
Bottomless Belly Button, Fantagraphics Books, 2008.
Mome #10, 11, 12 & 13 Fantagraphics Books, 2008-2009.
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La famille Looney
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C. Entretien avec Dash Shaw
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La version originale de cet entretien (en anglais) est disponible sur le site de du9

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NV :
Comment avez-vous élaboré le scénario des 720 pages de Bottomless Belly Button ? Envisagiez-vous dès les prémisses de ce projet qu’il serait aussi imposant ?

Dash Shaw : Je n’avais pas de scénario à proprement parler mais plutôt un plan de séquences. Je dessinais des scènes et je décidais ensuite si elles figureraient ou non dans l’album et à quel endroit. Le niveau du dessin a participé à rendre cette expérience plus proche de celle de l’écriture où l’on peut facilement rédiger un paragraphe et ensuite le supprimer ou le déplacer ailleurs. Pour BodyWorld, je ne peux pas travailler selon ce principe
mais pour Bottomless Belly Button j’ai eu l’occasion de tenter l’expérience.
Je savais dès le départ que Bottomless Belly Button aurait un tempo très lent mais qu’il se lirait très rapidement. Comme les bandes dessinées japonaises mais avec une forme plus étendue. Ou comme de regarder successivement chaque image d’une bande de film. Ce type de narration demande une pagination conséquente.

NV : L’écriture est aussi importante dans votre œuvre au travers des onomatopées. Vous utilisez de nombreux mots et signes pour traduire les odeurs, les goûts et les textures (la vapeur, la poussière dans l’air, les sons de l’océan…). Est-ce une manière de palier à l’absence de ces « effets » dans la bande dessinée ?

Dash Shaw : Ces mots et ces signes permettent d’inventorier des phénomènes naturels qui se répètent au fil de Bottomless Belly Button. Ils ont diverses fonctions comme celle d’établir des liens entre certains éléments ou de servir d’effet sonore particulier. En cela , ils se rapprocheraient des bandes dessinées japonaises qui possèdent des onomatopées bien plus spécifiques. Ces mots et ces signes sont principalement présents pour créer un environnement. Je ne pense pas que je compense. Le fait que les bandes dessinées n’aient ni son ni odeur me plaît car l’utilisation d’un mot est parfois plus plaisant. Lire les mots « bruit du garage qui s’ouvre » est différent d’entendre ce son ou de voir cette porte s’ouvrir.
Dans mon webcomic BodyWorld, j’accentue l’effet de la pluie tombant sur différentes choses en utilisant des mots comme « pluie qui tombe sur le trottoir » ou « pluie qui tombe sur les cendres ». Cela crée un « effet sonore » mais cela lie également les trois scènes de pluie réparties dans l’album. Les mots permettent d’apporter énormément de choses à la Bande Dessinée.

NV : Vous vous référez plusieurs fois à la Bande Dessinée japonaise dans votre utilisation du rythme et des onomatopées. Vous utilisez par ailleurs des successions de cases assez typiques du manga comme la transition « d’aspect à aspect » ou « sans rapport apparent »
. Avez-vous été influencé par la production nippone ?

Dash Shaw : Oui. J’ai grandi en pleine explosion des mangas et des animes ici aux Etats-Unis. Je me souviens m’être rendu dans un vidéoclub qui venait de rentrer Akira et Dominion Tank Police. La semaine suivante, j’y retournai et ils avaient rentré The Guyver et ce fut ainsi semaine après semaine… Ce mouvement ne cessa de croître. D’un coup, il y avait près d’un million de personnes à Otakon
et on assistait à l’éclosion rapide de petites conventions consacrées aux animes un peu partout aux Etats-Unis.
Bottomless Belly Button en particulier est le résultat d’un croisement entre le manga de la première période de l’ère post-Tezuka et des comics alternatifs américains comme ceux de Chester Brown
et Chris Ware. Ce livre fait plus de 700 pages mais il se lit en moins de quatre heures. Il se passe en réalité très peu de choses dans cette histoire. Il est donc à la fois un ouvrage très long et très court. Cette expérience de lecture est inspirée sans conteste de la Bande Dessinée japonaise.

NV : Sammy Harkham
m’écrivait qu’il désirait faire ressentir à ses lecteurs que son Poor Sailor était une histoire racontée sur le mode passé, comme si tout était déjà arrivé. J’ai eu le même sentiment en lisant Bottomless Betty Button et je crois que cela tient du choix de cette encre au ton brun. Etait-ce le sentiment que vous désiriez procurer ?

Dash Shaw : Je ne parlerais de mode passé mais j’exprime en effet les choses en partant du principe que les lecteurs connaissent déjà la suite des événements, comme s’ils lisaient le récit pour la seconde fois. Mes bandes dessinées sont généralement conçues dans l’idée que l’on puisse saisir l’entièreté du livre de manière immédiate. Ce brun évoque peut-être le sépia ou une couleur délavée mais je l’envisage comme rappelant celle du sable. J’aime particulièrement le rendu de cette encre sur les couvertures.

NV : Vous utilisez de la gouache sur film acétate pour la mise en couleurs de plusieurs de vos récits. D’où vous vient cette technique généralement liée au cinéma d’animation et pour quelle raison avez-vous préféré le noir et blanc (ou le « sable et blanc ») pour The Mother’s Mouth et Bottomless Belly Button ?

Dash Shaw : Plusieurs chapitres de The Mother’s Mouth ont été conçus en couleurs sur du film acétate mais ont été imprimés en niveaux de gris. J’ai aussi travaillé la couleur sur des histoires plus courtes et des sections d’un récit plus long. Dans le temps, cette technique du film acétate était courante en bande dessinée comme sur le Batman : Année Un
brillamment mis en couleurs par Richmond Lewis. Plusieurs intérieurs de couvertures des THB de Paul Pope ont aussi été réalisés de cette façon. En fait, de nombreux auteurs utilisent cette technique. Pour ma part, je combine des couches d’acétate avec une mise en couleurs par ordinateur.
Je ne crois pas qu’une colorisation de Bottomless Belly Button aurait donné un résultat probant. Chaque livre a son atmosphère et son propre aspect visuel. Le projet qui suivra BodyWorld sera divisé en deux parties. La première sera dessinée à l’encre et la seconde en couleurs mais avec une technique différente de celle de BodyWorld.

NV : Vous utilisez aussi de nombreux diagrammes dans vos récits comme Kevin Huizenga
dans ses Glenn Ganges. L’utilisation de ces motifs vous est-elle apparue comme naturelle ?

Dash Shaw : J’aime les cartes et les diagrammes ainsi que les combinaisons mot/image comme on les retrouve dans la bande dessinée. Kevin Huizenga et moi utilisons des diagrammes mais nous sommes cependant des auteurs très différents.
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Plan de BodyWorld et règles du DieBall

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NV : Dans BodyWorld, il existe un sport qui se nomme le « dieball ». Il se pratique avec un dé géant à 10 faces. Ce dé (dans sa taille réelle) est souvent utilisé lors de parties de jeux de rôles. Avez-vous participé à ce type de jeux et peut-on y déceler une influence sur votre manière de construire vos univers souvent présentés par des cartes géographiques ?

Dash Shaw : J’ai joué à Donjons et Dragons de façon intensive. J’étais le Maître du Donjon et je jouais tous les jours après l’école ainsi qu’une longue partie d’environ cinq ou six heures le dimanche. J’ai arrêté de jouer au début de l’antépénultième année de mes secondaires
pour focaliser toute mon énergie dans la bande dessinée. J’ai tout appris de Donjons et Dragons depuis la création d’un environnement et de personnages jusqu’à l’élaboration d’un scénario. Mes parties mettaient les personnages et la sociabilité en avant. Je sais qu’un grand nombre de dessinateurs ont joué à Donjons et Dragons et l’on peut probablement établir des rapprochements. Je n’ai cependant pas porté le même intérêt que d’autres à tout ce qui touchait aux monstres et aux créatures étranges. Je ne me rappelle pas en avoir dessiné énormément. Je créais principalement des cartes, des personnages et des scénarii.
Je ne comprends pas que Donjons et Dragons souffre encore d’une réputation de jeu misanthropique car il pousse, selon moi, à une plus grande sociabilité. Au travers de ce jeu, des personnes se rassemblent autour d’une table pour parler. Je crois que c’est un jeu important que l’on devrait apprendre aux enfants. On devrait les encourager à y jouer.
J’ai imaginé le « Dieball » vers quatorze ou quinze ans
car j’aimais l’idée que l’on puisse utiliser un dé géant dans un sport. Je l’ai développé pour BodyWorld car il y trouvait sa place. Il y a toujours un nouveau sport un peu étrange dans ce genre d’univers, n’est-ce pas ? Comme le « Quidditch » dans Harry Potter mais à la différence que le « Dieball » peut se pratiquer dans le monde réel. J’espère que ce sera le cas un jour !

NV : Dans son essai sur les bandes dessinées et le jeu de rôle, Dylan Horrocks
observe le développement récent d’une « narration géographique » basée sur la construction d’environnements virtuels dans lesquels le public est invité à l’exploration et même à « jouer ». On retrouve cet aspect de participation du lecteur dans Bottomless Belly Button et d’autres de vos œuvres.

Dash Shaw : Lorsque je suis assis à ma table à dessin, je veux éprouver le sentiment d’être transporté dans un autre lieu. Je veux que l’acte de dessiner me procure une pleine satisfaction et je construis tout autour de ce principe. Je veux être dans un autre environnement et suivre des personnages qui sont plaisants à dessiner ou qui me font rire. Si ce n’était pas le cas, je serais moins prolifique et beaucoup plus torturé. Pour le moment, je dessine chaque jour et cela me rend à la fois heureux et comblé. J’ai le sentiment de prendre des congés pour visiter des régions aussi différentes les unes que les autres.

--- The Mother's Mouth bientôt traduit en français chez çà et là
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NV : Xavier Guilbert note sur du9 que la structure de Bottomless Belly Button évoque les « trois unités de la tragédie classique (la maison familiale comme lieu principal, la semaine comme unité de temps, le divorce comme action centrale) ». Pensez-vous que cette structure a servi de cadre central au moment de tisser ensemble vos diverses séquences ?

Dash Shaw : Cela sonne bien. Je ne songeais cependant pas précisément à la structure de la tragédie mais la question de la structure occupait bel et bien mes pensées. J’ai toujours une structure très claire dans ma tête. Comme je l’ai signalé plus tôt, mes bandes dessinées sont généralement conçues dans l’idée que l’on puisse saisir l’entièreté du livre de manière immédiate. Il y a donc bien une structure sous-jacente pour pouvoir concrétiser ce concept. Mon objectif est de faire paraître cette narration intuitive et improvisée lorsque le lecteur est plongé dans Bottomless Belly Bottom mais qu’elle lui semble solide et cohérente lorsque qu’il en ressort.
J’ai limité le nombre de lieux afin de mettre l’accent sur les personnages et leurs parcours. Je n’avais jamais songé à cela avant mais il est vrai qu’on peut y voir une scène de théâtre sur laquelle se déroule une représentation.
En ce qui concerne la comparaison au genre « tragique », je reconnais que l’ouvrage est relativement triste. J’espère cependant avoir pu apporter à ce récit des teintes très variées. Je m’efforce constamment de créer un large éventail de tonalités ou d’émotions/atmosphères contrastées car je pense que cela fait défaut à la majorité des comics. La plupart de ces derniers font résonner la même note encore et encore jusqu’à la fin du récit. J’espère que Bottomless Belly Button est une petite montagne russe de plusieurs émotions.

NV : Comment avez-vous décidé d’affubler le personnage Peter dans Bottomless Belly Button d’une tête de grenouille et de gants évoquant ceux de Mickey Mouse ? Aviez-vous déjà en tête la superbe scène où Kat voit son visage « humain » au détour d’une case ?

Dash Shaw : J’ai conçu ce livre comme si chaque personnage s’était dessiné lui-même. C’est en quelque sorte le postulat de base de l’ouvrage : ce récit est une trame où s’entrecroisent plusieurs bandes dessinées autobiographiques. Chaque personnage dessine son propre récit autobiographique et tous ces récits sont reliés entre eux pour former une tapisserie plus vaste. Peter, qui se considère comme étant complètement mis à l’écart par sa famille, se dessinerait comme un être étranger. J’ai songé que la grenouille conviendrait car elle évoque le Prince-Crapaud aux yeux de Peter qui a une vision « romantique » de sa condition,. Ce qui est drôle avec ce personnage, c’est qu’il possède une piètre estime de lui-même mais de manière assez compréhensible. Il pense que son père ne l’aime pas et, en effet, son père ne l’apprécie guère. C’est comme si quelqu’un vous demandait « est-ce que ce vêtement me grossit ? » et que vous répondiez « oui ». Les autres personnages se dessinent aussi mais avec un aspect plus « humanoïde ».
Quant à cette fameuse case avec le visage « humain » de Peter, elle m’a tout simplement semblé tomber juste. L’effet aurait pu être navrant si elle avait été placée à la fin du livre, comme une conclusion. Cette case, enfouie au milieu du livre, tombait juste. Plusieurs personnes ont d’ailleurs lu Bottomless Belly Button sans la remarquer.
De plus, j’ai conçu cet ouvrage à partir de séquences diverses que j’ai ajoutées ou supprimées. L’apparition de cette scène dans le récit final n’était donc pas rigoureusement planifiée. Elle m’a plue au moment de la dessiner et j’ai donc décidé de l’inclure.
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Le strip Two PLaces

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NV : Vous présentez Bottomless Belly Button comme une « trame où s’entrecroisent plusieurs bandes dessinées autobiographiques ». Cette idée est-elle le développement de votre strip baptisé Two Places écrit en 2006 ?

Dash Shaw : J’ai commencé à travailler sur Bottomless Belly Button en 2005. C’est par la suite que j’ai écrit le strip Two Places qui explicitait ce concept et qui est paru dans la revue The Drama.

NV : Plusieurs de vos premiers strips (comme Two Places) ont un format carré. De même que certains de vos albums. Comment s’explique cette particularité ?

Dash Shaw : The Drama, l’anthologie Meathaus 7 : Love Songs et Visual Opinion (la revue de School of Visual Arts de New York), avaient toutes trois un format carré. Ayant participé à ces projets, j’ai conservé ce format pour plusieurs autres de mes histoires.

NV : BodyWorld est une série que vous publiez directement sur internet. Envisagiez-vous qu’elle pourrait être un jour éditée sous la forme d’un livre et que son aspect en serait profondément modifié ?

Dash Shaw :
Au départ, j’avais imaginé que BodyWorld serait soit une série mensuelle pour Dark Horse soit une bande dessinée sur internet. Dark Horse publie Star Wars et je me suis dit que ce serait fabuleux s’ils éditaient BodyWorld tous les mois d’autant que j’étais certain de pouvoir respecter les délais. Ils n’étaient cependant pas intéressés par ce projet et ne m’ont jamais recontacté (jusque tout récemment). Mon optique est d’essayer de travailler sans penser aux questions d’édition. J’ai alors simplement envisagé d’en faire un « webcomic ». De cette manière, je contrôle tous les aspects de mon travail et je ne dois dépendre de personne. De plus, j’aime les webcomics et j’ai souvent pensé en publier un. J’ai donc planifié sa publication en préparant deux chapitres à l’avance et j’ai débuté la mise en ligne le premier janvier 2008.
La version « livre » de Pantheon tentera de recréer le format de lecture de l’ordinateur. Ce sera un album vertical (avec une page supérieure et inférieure à la place d’une page de gauche et de droite) et les cartes se déplieront comme les différents onglets d’un navigateur internet.
Voici mon opinion concernant la lecture de BodyWorld. Si vous voulez jouer le jeu et profiter de l’expérience originale publiée en épisodes, il vaut mieux lire la version internet. Si vous voulez lire le récit d’une traite, la version imprimée sera la plus appropriée. Elle fera plus de 300 pages et il sera plus agréable de la lire sur papier. Après sa publication en épisodes, la version imprimée sera le produit final.
Une fois BodyWorld terminé, j’aurai besoin de me dédier à d’autres projets pour un temps. Je retournerai certainement au webcomic à nouveau mais avec pour objectif de créer une œuvre qu’il sera impossible d’imprimer. Je suis content que BodyWorld soit imprimé mais j’éprouve une certaine frustration que le résultat ne soit pas un webcomic car c’est le travail sur ce support qui m’intéressait. Mon prochain webcomic sera donc conçu dans un format que l’on ne pourra pas reproduire sur papier. J’y insérerai peut-être des séquences animées ou j’utiliserai un personnage protégé par le copyright. Les webcomics étant gratuits et libres, je POURRAIS sérieusement envisager l’adaptation d’un film en roman graphique ou l’utilisation d’un personnage protégé par le droit d’auteur. Cela offre des possibilités passionnantes dont je veux pouvoir tirer profit dans l’avenir.

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Entretien réalisé en novembre 2008. Traduit de l’anglais.
© 2008 Nicolas Verstappen/Dash Shaw.
© 2008 Nicolas Verstappen/Dash Shaw pour la couverture. © 2008 cà et là pour la biographie.


vendredi, février 06, 2009

Thanks guys !

Thanks Alec. Thanks Dash. It's been great having both of you here in Brussels!
Un grand merci aussi à Serge de cà et là, à Max et à toute l'équipe de l'employé du Moi pour avoir rendu cette belle rencontre possible...
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Les deux auteurs appliqués malgré la dégustation de Grimbergen blonde et la digestion d'un copieux "waterzooi"...
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Leurs albums et quelques dédicaces dont un hommage imposant au 300 de Frank Miller par Dash Shaw.
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dimanche, février 01, 2009

Les Lauréats d'Angoulême 2009

La cérémonie de Remise des Prix du Festival d'Angoulême vient de se clôturer. Voici les lauréats de cette édition 2009!
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Pinocchio de Winshluss chez les Requins Marteaux
Cet album est en cours de réimpression. Il sera à nouveau disponible sous peu. Nous enverrons une newsletter spéciale le jour de sa sortie.
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Tamara Drewe de Posy Simmonds chez Denoël Graphic
Spirou: le Journal d'un Ingénu d'Emile Bravo chez Dupuis
Le Petit Christian tome 2 de Blutch à l'Association
Lulu Femme Nue partie 1 d'Etienne Davodeau chez Futuropolis
Martha Jane Cannary partie 1 de Blanchin & Perrissin chez Futuropolis
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Le Goût du Chlore de Bastien Vivès chez Casterman (KSTR)
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Le Petit Prince de Joann Sfar chez Gallimard-Fétiche
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Opération Mort de Shigeru Mizuki chez Cornélius
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Mon Gras et Moi de Gally chez Diantre! éditions
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Groenland Manhattan de Chloé Cruchaudet chez Delcourt (Mirages)
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©2009 Wart Mag & Lewis Trondheim pour "Le Fauve" et les logos

XeroXed #15: Miriam Katin

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Le quinzième carnet d'entretien XeroXed est désormais disponible à la librairie. Ce livret exclusif et limité à 100 exemplaires reprend un entretien inédit avec la dessinatrice américaine Miriam Katin. Son parcours atypique la mènera en 2006 et à l’âge de 63 ans à retranscrire dans son premier roman graphique baptisé Seules contre Tous les années d’horreur qu’elle vécut avec sa mère dans la Hongrie occupée par les troupes allemandes puis russes durant la Seconde Guerre Mondiale. Enfant juive âgée alors de trois ans, Miriam Katin connaîtra la clandestinité tout au long d’une errance marquée par la violence, la mort, les délations et, pour seul salut, quelques actes de générosité isolés. La dessinatrice nous revient aujourd'hui avec une histoire courte consacrée à l'élection présidentielle américaine dans le collectif Le Tour du Monde en Bande Dessinée volume 1 paru aux éditions Delcourt. Le carnet d'entretien illustré de croquis et dessins de l'auteur est offert à l'achat de ce collectif où l'on retrouve aussi des récits de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie (Aya de Yopougon) et d'Etienne Davodeau (Lulu Femme Nue).

Le "vrai" Jacques Delwitte

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Tous les habitués du centre-ville de Bruxelles connaissent "Papy Blues", le guitariste de rue qui joue derrière la Bourse pour notre plus grand plaisir. Moodio TV vient de lui consacré un reportage qui nous permet d'en savoir un peu plus sur ce personnage haut en couleur qui inspira à Max de Radiguès son album Little White Jack paru aux éditions de l'employé du Moi.